RÂMÂYANA

Opéra en un acte et cinq tableaux sur un livret de Damien Lecamp d’après l’oeuvre éponyme du VI ème siècle
Commande de l’Orchestre de l’Opéra de Massy

Création à l’Opéra de Massy sous la direction de Constantin Rouits

Le noble Râma, incarnation de Vishnu et époux de Sîtâ, est l’héritier de la dynastie solaire. Une intrigue de pouvoir poussera ce couple idéal à l’exil, puis à la séparation…
Râma, aidé d’une armée de singes et d’ours, arrachera-t-il sa bien-aimée aux griffes des démons ?
Si l’honneur, la justice et le destin sont centraux, ils cèdent souvent le pas à l’amour conjugal ou fraternel, à l’amitié, au ravissement de la nature.
Telle est l’histoire contée dans cette épopée mythologique en langue sanskrite, composée entre le IIIe siècle avant notre ère et le IIIe siècle de notre ère.

Direction musicale Constantin Rouits

Musique Olivier Calmel

Livret Damien Lecamp

Coordination artistique et mise en scène Alexandra Iarca

Soprano Camille Souquère

Ténor Bastien Rimondi 

Baryton Anas Seguin

Maîtrise de Massy – direction Johanna Manteaux

Classes des écoles de Massy

Orchestre de l’Opéra de Massy

Chorégraphie Snorkel Rabbit

Avec la participation du Lycée Gustave Eiffel de Massy et du Lycée horticole de Marcoussis

RÂMÂYANA | Opéra de Massy | World Premiere

« Approchez ! Regardez !

Et écoutez la légende indienne du Râmâyana

L’épopée du Seigneur Suprême De celui né du Soleil.

Venu vivre la vie des hommes,

La souffrance et l’amour. »

TABLEAU I

Approchez ! Regardez ! (grand chœur)

Voici Râma, flamboyant et fier ! (petit chœur)

Gloire à Râma (ténor et petit chœur)

Nous sommes mortels mais éternels (duo soprano et ténor)

Vivent les mariés ! (grand chœur)

Approchez ! Regardez ! (grand chœur)

Annonce de l’exil (récitatif)

TABLEAU II

Les beautés de la forêt (grand chœur)

Le daim merveilleux (duo ténor et soprano)

Un moine isolé (duo soprano et baryton)

Je suis Ravana (grand chœur, baryton, soprano et ténor)

La colère de Râma (ténor)

La rencontre Hanumân et Râma (récitatif)

TABLEAU III

Captive dans le jardin d’Ashoka (soprano, grand chœur et petit chœur)

Une voix qui de l’Espoir est la sève (baryton, soprano et grand chœur)

TABLEAU IV

Singes, Ours et Démons (baryton, ténor et grand chœur)

TABLEAU V

La noblesse de l’âme (soprano et grand chœur)

Je doute tel un homme (ténor, soprano et grand chœur)

Le feu sera mon Roi (soprano et grand chœur)

Ô Vishnu (grand chœur)

L’Himâlaya aux mille sommets (ténor et grand chœur)

Ô Vishnu (grand chœur)

Approchez ! Regardez ! (grand chœur)

Voici Râma, flamboyant et fier ! (petit chœur)

Le Râmâyana vivra toujours (soprano, ténor, baryton et grand chœur)

Orchestre de l'Opéra de Massy

Note d’intention du compositeur

RÂMÂYANA, épopée mythologique de langue sanskrite composée il y a 1000 ans, est l’un des textes fondamentaux de l’hindouisme et de la mythologie hindoue.
L’ouvrage original en devenir doit refléter la grandeur et l’universalité de l’œuvre et mettre en lumière les personnages et situations, valeurs et idéaux les plus emblématique de ce poème épique et intemporel.
La musique, les airs et récitatifs intègrent l’ensemble des paramètres dramatiques ainsi qu’une appropriation complètement personnalisée d’éléments issus de la culture hindoue.
Bien évidemment, la musique est et reste fondamentalement occidentale. Une vie suffit à peine à considérer certains éléments essentiels de la musique classique indienne. Selon la mythologie indienne, la musique a une origine divine : c’est par le son que le dieu Brahmâ a créé l’univers.
Il est essentiel de transcrire une part de cette spiritualité dans l’écriture de l’œuvre.
La musique carnatique est la musique traditionnelle de l’Inde du Sud. Elle met l’accent sur la structure et l’improvisation. La musique hindoustanie, issue du Sud et développée sous l’influence de l’Islam et des Moghols, privilégie quant à elle l’expression et le sentiment. Les deux principales sources culturelles nous semblent indispensables à l’élaboration de notre projet.
Nous envisageons notamment l’assimilation d’éléments constitutifs de la musique classique indienne dans le langage de l’opéra RÂMÂYANA: les concepts de râga et de tâla.

Le râga ou râgam en tamoul est un cadre mélodique. Les râgas sont fondés sur les théories védiques concernant le son et la musique. Selon nos théories musicales occidentales, ils peuvent s’apparenter à des modes d’échelles variées, mais ils déterminent aussi un cadre mélodique lié à un sentiment, un moment de la journée, une saison ou encore une situation, ce qui semble parfaitement adapté à notre projet. Dans le cadre de notre opéra, les râgas issus de la musique carnatique sont choisis, de par leur caractère à la fois souple et assez simple à appréhender. Ils sont notamment dérivés du système de soixante-douze échelles melakarta de la musique carnatique.

Les personnages principaux ont chacun leur râga :

  • Râma, prince d’Ayodhyâ, septième avatar du dieu Vishnou, est le personnage principal de l’opéra RÂMÂYANA, « le Geste de Râma», puissant et Son râga est ‘Ramapriya’, 52ème mélakarta rāgam du système mélakarta et contient toutes ses caractéristiques : solennel et imposant.
  • Sîtâ, incarnation divine de Lakshmi, belle et d’une profondeur d’âme immense, personnifie la terre cultivée et sa végétation et symbolise la fertilité. ‘Harikambhoji’, 28ème mélakarta rāgam, représente cette pureté.
  • Râvana, roi des rakshasas de Lankâ, est un démon redoutable et arrogant qui ne craint ni les divinités, ni les musiciens célestes ou les demi-dieux serviteurs de Shiva. Il convient de choisir un râga parfaitement adapté à ce personnage : ‘Shubhapantuvarali’, 45ème mélakarta rāgam, comporte une échelle à la fois terrifiante et singulière.
  • Hanumân, dieu-singe, patron des lutteurs, est le dieu de la sagesse et l’incarnation de la fidélité et du partage. Tout comme Râma, il possède son propre râga dont le caractère revêt un grand mystère : ‘Hanumatodi’, 8ème mélakarta rāgam du système mélakarta.

Ces quatre personnages tissent des rapports étroits durant toute l’épopée, et la création de leitmotivs, mélodies et contrepoints assimilant ces râgas est à la fois original, véritablement innovant et parfaitement justifié par le contexte.

Le tâla est un cycle rythmique, élément essentiel des musiques classiques indiennes, et est composé de matras, qui sont des unités rythmiques. Chaque tâla possède une structure spécifique (premier temps fort sam’, ‘tali’, ‘khali’). Ces systèmes rythmiques sont infiniment plus riche que les rythmes occidentaux et offrent notamment une conception aigue des cycles longs.

La théorie rythmique indienne est très influencée par les subtilités de la métrique du vers sanskrit, un vers quantitatif, marqué par la succession des syllabes longues et brèves. Le terme de tāla , signifiant « paume de la main », désigne  la façon dont on marque le rythme en frappant les paumes l’une contre.

A l’instar des râgas, les tâlas de la musique indienne ne sont pas les mêmes au nord (musique hindoustanie) qu’au sud (musique carnatique). Dans le cadre de l’opéra RÂMÂYANA, le choix se porte sur ceux issus hérités d’hindoustanie, plus simples à appréhender et stables dans leur développement.

Au sein de l’opéra, les personnages, les situations, les émotions possèdent leur tâla, ce qui les caractérisent pleinement tout en leur offrant la possibilité d’un perpétuel renouvellement par l’assemblage, la superposition, le contrepoint.

On peut citer :

  • ‘Ektal’, tâla composé de deux matras et six vibhags et dont le cycle est lent permettant ainsi un développement large nécessaire à l’ampleur du tableau I.
  • ‘Rupak’ qui par un khali, et non un temps fort, et dont le cycle de sept matras et trois vibhags se décompose en 3 + 2 + 2, rythme particulièrement dansant et propice au situation de fête telle que le mariage de Râma et Sîtâ.
  • ‘Jhaptâl’, tâla qui varie pulsation binaire et ternaire avec dix matras et quatre vibhags, décomposé en 2 + 3 + 2 + 3, il comporte en son sein une force et une noirceur parfaitement adaptés à Râvana.
  • ‘Kaharwâ’, un des rythmes folkloriques les plus populaires, composé de huit matras et deux vibahgs, est parfait pour représenté en particulier les beautés de la fôret issues du tableau II.
  • ‘Ardha Jaital’, l’un des tâlas interprétés par le maître Ravi Shankar , et dont les caractéristiques en rythme asymétrique permettent notamment une intégration dans les récitatifs.

Pour la création de cet opéra nous voulons partir de l’observation de la vie et de la place du chant et de la danse. Ceux-ci font partie de la vie quotidienne, en particulier dans les cultures indiennes.
Chanter est aussi un acte mystique pour communiquer avec le divin, pour le glorifier, ou bien pour canaliser le mental discursif et entrer dans un état de méditation.

La présence très forte des leitmotivs, si chers à nos aînés maîtres de cet art global, utilisant de manière si évidente les éléments constitutifs de la musique classique indienne – en premier lieu râga et de tâla – permet de créer à la fois l’originalité, la référence mais également – et c’est sans doute le plus important – la cohérence.

Nous cherchons à construire une symbiose entre musique, action et parole, en réunissant des éléments de l’opéra et du théâtre musical. Nous voulons écrire une musique qui naisse des éclats sonores de la vie réelle, avec une palette large de vocalités qui vont du chant lyrique au texte parlé en passant par la voix sans texte, plus abstraite et gestuelle, prolongation directe du corps.

Le choix conscient de ne pas recourir à des instruments de la lutherie indienne fut une évidence dès le début du projet : tablas, veena, flûte bansurî, shehnai et autre harmonium offrent une facilité, celle d’offrir de manière immédiate à l’auditeur, et je dirais même à l’inconscient collectif, les sonorités qu’il référence à la musique indienne.

Cet opéra est une création française, et le choix de nomenclature se porte tout naturellement sur l’orchestre occidental classique : bois, cor, trompette, percussions et cordes permettent à l’évidence de créer tous les environnements sonores, harmoniques, rythmiques, toutes les textures et sonorités nécessaires à la gestation compositionnelle de l’œuvre en devenir.

L’emploi des claviers et des percussions est central. Le choix de sonorités métaux et bois est également primordial : enclume, tambour de frein, arbres de bois sont partie intégrante du paysage sonore tout autant que des éléments indissociables de l’énergie rythmique développée dans les tutti et les danses.

Un opéra est une œuvre à la fois profondément personnelle et en même temps pleinement collective, RÂMÂYANA en est une preuve évidente :

Le travail avec le librettiste Damien Lecamp se veut étroit afin d’être au plus proche du sens, ainsi que de la vérité de la prosodie, question centrale dans la langue de Molière.

La collaboration avec le chef d’orchestre et la metteuse en scène sont la pierre angulaire sur laquelle repose l’édifice de la réalisation.

Pour finir, le contexte de la création, la scénographie, les chœurs, solistes, musiciens, costumiers, accessoiristes, régisseurs, techniciens, et bien évidemment l’Opéra de Massy, sont au centre de cette création, qui se révèle une aventure formidable.

Olivier Calmel, compositeur

Note d’intention de l’auteur

La création de l’opéra « Le Râmâyana » vise à allier une haute ambition artistique à un projet social et pédagogique. La composition est confiée à Olivier Calmel, Grand Prix Sacem de la musique classique contemporaine. En tant que librettiste, mon objectif est double : raconter une histoire universelle faite d’amour, d’aventures, de drames et de réconciliations ; et initier le public à l’une des histoires fondatrices de l’hindouisme, culture dont nous sommes peu familiers sous nos latitudes.
Bien sûr, le livre, long et dense, fourmille de personnages et d’intrigues ; aussi, je me dois d’en extraire la substantifique moelle, sans en trahir l’esprit. Mon intention est de de trouver l’équilibre entre la fidélité au texte et la volonté de parler au plus grand monde.

Je veux restituer les couleurs et les senteurs de l’épopée de Râma, ainsi que son message transcendantal ; sans tomber dans le piège de l’occidentalisation outrancière du texte ou de l’exotisme facile. En plus d’une ambition artistique forte, le projet revêt une dimension sociale et pédagogique.
Ainsi, autour de trois chanteurs professionnels (soprano, ténor et baryton), un chœur d’une centaine d’élèves de la ville de Massy sera présent sur scène. Ce chœur sera constitué d’enfants de différents âges, issus des écoles primaires et de la maîtrise de Massy.
La fosse d’orchestre se verra renforcée d’élèves du conservatoire de la ville de Massy, encadrés par des musiciens professionnels.
La création des décors et la composition florale mettront à contribution les élèves du Lycée Gustave Eiffel de Massy et du Lycée Horticole de Marcoussis.
Enfin, tout au long de l’année, j’irai à la rencontre des élèves qui prendront part au projet pour travailler à leurs côtés. Il s’agira, pour moi, de sensibiliser ces enfants au goût du travail collectif et de rendre accessible un art qui peut paraître éloigné du jeune public.
Ainsi, le projet du Râmâyana est ancré dans le territoire de la ville de Massy et du département de l’Essonne avant de connaître demain, peut-être, un destin national.

Damien Lecamp, auteur

Auditorium Opéra de Massy