Musique en kaléidoscope
Enfant de toutes les musiques, Olivier Calmel naît et s’épanouit dans une famille de musiciens professionnels classiques, avant de découvrir d’autres domaines musicaux. Le jazz et les musiques improvisées sont devenus les terreaux dans lesquels il a notamment choisi de s’exprimer. Pour autant, il semble que la première musique à couler dans ses veines fut bien la sienne propre, celle née de son imagination, de ses inventions enfantines improvisées. Avant même l’apprentissage d’un instrument, la création guide ses premiers pas musicaux… « D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours pris beaucoup de plaisir à chercher les couleurs harmoniques sur le piano, bien avant d’avoir une quelconque idée de ce que revêt le terme d’harmonie. Je passais de longues heures à improviser, à trouver les dessins mélodiques qui me touchaient et m’émerveillaient » confie Oliver Calmel.
De l’artisanat d’art
Avant l’apprentissage d’un instrument, le plaisir et le désir d’inventer étaient d’emblée flagrants comme « …l’évidence selon laquelle il me serait impossible de vivre sans musique, sans en écouter, sans en créer, sans en jouer, sans en partager… ». Après des détours par le violon puis plus sérieusement par le hautbois, son instrument sera finalement le piano, qui s’imposera comme le levier physique de son rapport à la musique et l’outil de son expression musicale, avec la composition dont il est le corollaire. Chez Olivier Calmel l’instrumentiste et le compositeur sont indissociables. Non qu’il ne compose que pour le piano, loin s’en faut, mais parce que sa musique, particulièrement tactile, on pourrait presque dire « ductile », semble résonner comme le prolongement du geste de l’instrumentiste. De son bras, de sa main, de ses doigts… Dans un esprit d’artisanat d’art sa musique recèle les parfums subtils, mystérieux et prenants de l’atelier. A son écoute on devine volontiers les traces de gommes laissées sur le papier, on imagine les fins copeaux de bois de la taille de son crayon oubliés entre les pages de la partition. Il y a un homme de passion et de travail qui est là tout près, derrière le papier, derrière les notes, derrière les sons.
Piano et composition, composition et piano
« Le fait de pratiquer de façon soutenue et professionnelle un instrument permet de garder un lien essentiel qui est celui de la vibration, de la production et de l’émission du son. C’est un lien physique autant que spirituel. Cela permet aussi de ne jamais oublier que la musique n’existe que grâce à de nombreux prismes : la codification, la nomenclature, la facture instrumentale, l’interprétation, la diffusion, la culture de l’auditeur etc… Autant de prismes qui modulent l’expression que souhaite transmettre le compositeur » explique Olivier Calmel pour qui « le travail du compositeur, quel qu’il soit, n’est jamais sacré ».