Ma vie me manque
Gabriel Buret
Au commencement il y a cette phrase écrite au stylo “Ma vie me manque”, découverte dans un recoin de la maison de campagne de mes parents.
S’ensuivent des questions obsédantes : Qui de mon père ou de ma mère en est l’auteur ? Et surtout pourquoi ?
Débute une enquête, une fouille délicate dans le quotidien parental.
Si la réalité mise à jour s’avère décevante, si l’intuition d’un secret se révèle vaine, mes fantasmes combleront alors les vides, fabriqueront une histoire imaginaire.
Réalisateur : Gabriel Buret
Musique originale : Olivier Calmel
Thibaut Maudry : Violon
David Bahon : Violon
Marine Gandon : Violon Alto
Amandine Robilliard : Violoncelle
Olivier Calmel : Piano
Ingénieur du son : Thomas Vingtrinier
Documentaire / Durée : 52 minutes
Produit en 2013 par LA HUIT Production avec la participation de la Région Haute Normandie et de la Sacem
Cet hiver, j’ai découvert un petit mot écrit sur une étagère dans l’appentis de la maison de campagne de mes parents, une phrase plus exactement :
« Ma vie me manque ».
Je reviens dans la maison, sûr que c’est une blague, que c’est un voisin qui a écrit ça ou un enfant qui passait par là, c’est une pièce derrière la maison qui
est plus ou moins cachée mais ça pourrait arriver. Et puis, en regardant mes parents, je crois de plus en plus que l’un d’eux ait pu écrire cette phrase, sans
rire, sans faire de blague, que mon père ou ma mère ait pu écrire ça dans un moment perdu.
Je ne dis rien, je garde pour moi ma découverte qui me remplit et qui va devenir de plus en plus obsédante. Enfin, mes parents semblent avoir une vie, une vraie, et une vie qu’ils pourraient regretter.
Pourtant, face à moi ils n’ont jamais eu d’histoire, rien à raconter.
Un fossé nous sépare, le silence.
Mais alors comment mener l’enquête ? Quelles pistes suivre ?
Un grand changement va arriver dans la vie de mes parents. Alors que ma mère est à la retraite depuis quelques années, mon père, lui, le sera à partir de juin 2012.
Et à partir de ce moment là, au lieu de rentrer toutes les semaines à Paris, ils vont rester dans leur maison secondaire qui va devenir principale.
Le quotidien va s’imposer de force, le temps va s’arrêter, encore plus que pendant les week-ends. Plus d’échappatoire vers l’avenir, vers le travail et Paris.
Ils vont avoir le temps de me raconter.
Entre les balades solitaires en vélo de mon père, le jardinage passionné de ma mère, les lectures au coin du feu, j’aimerais capter avec la caméra tout ce qui se rapporte au non-dit.
Ce non-dit qui s’exprime partout, dans la maison où aucun objet-souvenir n’est présent, dans le village de Veules-Les-Roses qui pourtant est le village de
ma mère petite.
En parallèle, je leur poserai des questions, ils y répondront sûrement par des détours. Que ce soit à travers des anecdotes ou par des franches révélations, ils vont raconter quelque chose.
Tout est ici, dans la maison, dans le jardin, sur la plage, dans le comportement de mes parents, dans leurs vies jusqu’à la mort dans cette maison, tout est là, il suffit juste de le révéler.
Gabriel Buret