Mystic Artchipel
Création mondiale le 17 juin 2023 de Mystic Artchipel au Festival International de Violoncelle de Beauvais par Anne Gastinel et Xavier Phillips
MYSTIC ARCHIPEL
Première Suite pour violoncelles seuls
Commande du Festival International de Violoncelle de Beauvais
Création au Festival International de Violoncelle de Beauvais par Anne Gastinel et Xavier Phillips
Création au Festival Autrement Classique par Patrick Langot
Mystic Archipel est une suite pour violoncelles qui s’inspire de conversations imaginaires et à multiples dimensions : celle qui s’établit entre les solistes auxquels la suite est dédiée, celle du compositeur d’aujourd’hui dialoguant et questionnant les maîtres d’hier. Cette œuvre évoque en particulier la musique pour violoncelle seul de Bach, mais également celles de compositeurs majeurs ayant écrit pour cet instrument comme Britten, Chostakovitch ou encore Webern. En cela, cette démarche démontre la nécessité d’être relié au passé par de multiples aspects et correspondances.
Les archipels, composés d’un agencement d’îles et d’îlots, ouvrent à la représentativité de relations et d’échanges indicibles tels les innombrables interconnexions humaines des temps anciens jusqu’à l’avènement d’internet et des moyens de communications actuels. Ma musique est souvent née de corrélations entre le fantastique et l’imaginaire, le pictural et le paysagisme. Pour cette suite, elle prend appui sur l’héritage des œuvres classiques et contemporaines inspirant le propos de chaque mouvement, ouvrant sur des voyages d’un univers poétique à un autre et liés par un dialogue imaginaire et métaphorique. Cette œuvre, commandée par le Festival International de Violoncelle de Beauvais se veut un hommage à un instrument dont on a souvent souligné la parenté avec la voix humaine : le violoncelle.
Le premier îlot-mouvement plonge ses racines dans l’histoire multiséculaire du grand répertoire pour violoncelle seul et fait se succéder un canto rendant hommage à Benjamin Britten, puis un prélude résonnant avec l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Le climax de ce dernier présente la série émanant du Quatuor opus 28 de Webern utilisant le motif B.A.C.H.
La légèreté et la danse fondent l’îlot qui suit comme une invitation au voyage et à la découverte. Ce mouvement présente un perpetuum mobile basé sur des mesures asymétriques et une harmonie en évolution continue. Il articule son cadre autour du motif S.A.C.H.E.R. dont la thématique a été rendue intemporelle par les compositeurs commandités par Mstislav Rostropovitch pour le cycle en hommage à Paul Sacher.
La citation à la fois humoristique et magnifiquement profonde de Vian donne le ton léger, décalé et assurément jazz de l’îlot-mouvement en forme d’ellipse. Son caractère puise son essence dans les musiques improvisées, alterne pizzicato et archet, et fait la part belle aux modes de jeu de percussions. Le motif B.A.R.T.O.K. se déploie dans une grande dynamique rythmique en renouvellement constant et progressif.
L’apparition d’une sérénade marque le début de l’énigmatique cinquième îlot-mouvement, et présente un jeu alterné entre élégie à l’archet, proche d’un chant lyrique, et sphères d’accords arpégés en pizzicato. A l’image d’un dialogue d’ombres et de lumières, il met en musique l’éclipse et la redécouverte des Suites de Bach, œuvre la plus emblématique pour violoncelle seul.
Pour finir, les percussions sur le bois entrent en résonance avec le col legno battuto et le tapping pour former un agrégat rythmique irrésistiblement dansant. Au milieu de ce mouvement très vif, un moment suspendu apparaît, brève accalmie avant le final. L’humour, le sarcasme bienveillant et le rythme sont les pierres angulaires du dernier îlot-mouvement de l’œuvre Mystic Archipel, dont le tempo furioso n’a d’égal que son caractère de pogo endiablé mis en lumière par un incessant fantôme motif D.S.C.H.
Cette première suite pour violoncelles seuls, constituée dans sa forme artistique de plusieurs îlots ou mouvements interdépendants les uns des autres, aux caractères marqués et incisifs, a été imaginée pour chacun des solistes Anne Gastinel, Xavier Phillips et Patrick Langot, et s’inscrit dans un cycle plus large consacré à de grandes personnalités du violoncelle contemporain.
« Chaque îlot signalé par l’homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin » – Charles Baudelaire